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L'espace de Xadkor

Quand lire fait vibrer !

22 Août 2019 , Rédigé par Ibou Dramé Sylla Publié dans #ANALYSES

L’enseignant-chercheur Ndiouga Adrien Benga de l’Université de Dakar a fait un remarquable texte sur la musique sénégalaise qui, il l’indique à l’entame de son propos, n’a pas fait l’objet d’une étude soutenue dans l’historiographie du pays. En partant d’une approche diachronique, le professeur Benga plonge son lecteur dans l’univers musical du Sénégal des indépendances jusqu’au tournant d’une problématique sociologique africaine dont Axelle Kabou a su indiquer la teneur : la question du développement et la part de responsabilité des Africains dans cette situation.

Les années 90 ont tout le charme d’une odyssée avec l’émergence d’une voix nouvelle et le sillage d’une nouvelle voie dans l’offre musicale du pays. Les rappeurs ont amorcé une nouvelle dynamique dans le regard que l’artiste porte sur les réalités sociétales.  Dire avec des mots crus le malaise social et l’échec des politiques fut le cheval de bataille des jeunes rappeurs issus de la périphérie, hors du système global du politique véreux et de l’espace huppé.

Le titre de la contribution de l’historien dans Le Sénégal contemporain est : « Dakar et ses tempos Significations et enjeux de la musique urbaine moderne (c.1960-années 1990) » (pp. 289-308.).

Voici comment le professeur Benga campe la figure du rap sénégalais des années 90 : « Le rap est avant tout un flot de paroles libres de tout assujettissement académique, passant toutes les incantations de l’ordre à un crible critique remarquable. L’essence même de son art met en exergue le talent de l’improvisation et du slogan. Peu importe la consonance, l’efficacité du message doit primer » (p. 301.).

Les convenances sociales du dire ont sauté et le diar cii digg s’impose. C’est ainsi que le malaise social n’est pas décrit avec la même tonalité selon que c’est le mbalaxman qui chante ou c’est le rappeur qui détracte. Avec le vide que la nature a horreur de loger, la faillite des figures politico-intellectuelles avait occasionné la naissance de cette musique de contestation. Un ordre nouveau a vu le jour débordant la sphère de la seule musique pour être au cœur du vécu quotidien. À en croire Benga, le rappeur sait très bien que « la parole engage, la prendre devant d’autres, c’est poser une responsabilité, assumer une fonction » (Ibid) dans la mesure où, il « ne peut divulguer un message contre la violence, la drogue s’il ne s’applique pas lui-même ces préceptes » (Ibid).

J’ai lu ce texte avec amour et concentration dans un cadre solitaire où ma quiétude fut à l’abri du moindre bruit si ce n’est le son de ma voix. J’ai pensé à Joe Farmer de Rfi ou même à Elikia M’bokolo de la même chaine radiophonique. Sans avoir eu la prétention d’épuiser la richesse de la réflexion produite par le professeur, j’ai décidé de me limiter à la figure générale du rappeur. Sous cet angle aussi, il y a des déclinaisons multiples comme le révolté, l’aisé, le banlieusard, le féminin.

Si l’histoire de l’Afrique est à réécrire, voici le chemin à suivre !

P.-S : Merci professeur Benga. Un de ces jours, je pourrais vous rencontrer à la salle de Référence de la bibliothèque centrale de l’Ucad où il vous est arrivé de venir me saluer sur ma table de travail de l’aile droite. Je vous dois une majestueuse salutation ! Abarka Morkéba !

Ibou Dramé SYLLA

Ce 22 août 2019

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