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AFROPHOBIE EN AFRIQUE DU SUD : Le gouvernement est-il complice ?

11 Septembre 2019 , Rédigé par Par Mame Mor NDIAYE Publié dans #ANALYSES

J’ai vécu cette semaine avec beaucoup de colère et de triste. J’essais péniblement me remettre du choc que j’ai subi en apprenant ce qui s’est passé en Afrique du sud ces derniers jours. Pour ma part, je considère cet acte comme une trahison. Un coup de couteau planté sur le dos de l’humanité. C’est une insulte à la mémoire et aux efforts de Nelson et de Winnie Mandela, de Desmond Tutu et des autres héros de la lutte contre l’apartheid. En se comportant de la sorte, les sud-africains ont trahi leurs frères africains qui les ont si ardemment soutenu dans leurs combat contre l’oppression des minorités blanches. Ils ont trahi tous les citoyens du monde qui  leurs  ont apporté leur soutien moral, financier et matériel pendant qu’ils en avaient besoin pour se défaire du régime d’apartheid, de la ségrégation raciale, de l’inégalité et de l’injustice sociale dont ils soufraient. Je ne peux pas croire que l’œuvre de MADIBA est en phase d’être anéantie à peine vingt cinq ans (25 ans) après qu’il ait obligé les colons anglais à accepter une transition démocratique en Afrique du Sud.  Mandela aura tout fait pour bâtir une nation arc-en-ciel (un pays de tolérance et de l’acceptation de la différence). Son œuvre ne peut pas être aussi éphémère.

  Apparemment la situation s’est actuellement apaisée du côté de Johannesburg et Pretoria. On s’en réjouit. Nos frères sud-africains se sont pour le moment calmés, nous informe-t-on. Sont-ils revenus à de meilleurs sentiments ou est-ce l’effet des représailles qu’ils ont subi un peu partout dans le continent ? J’ai appris que les Nigérians leur ont bien rendu le coup. En Zambie voisine, les locaux de la représentation diplomatique sud-africaine ont étaient attaqués, des magasins de commerces et des boutiques appartenant à des sud-africains pillés et incendiés. Les congolais de Kinshasa ont laissé exploser leur colère à travers une violente manifestation à Lubumbashi. Les fédé foot malgache et zambienne ont répliqué par l’annulation des matchs qui devaient les opposer aux bafana-bafanas en ce mois de septembre. Que c’est dommage cette soudaine crise diplomatique entre l’Afrique du Sud et d’autres Etats africains ! Admettons-le les Sud-africains ont tout fait pour que cette crise ait lieu. Au fond de moi, je me dis que l’Afrique du Sud nous doit beaucoup nous autres Africains. Elle nous doit tout. Elle devrait être la dernière nation au monde à refuser la présence sur son territoire  d’immigrés africains. Quelle inconscience !

 Mais que c’est-il passé exactement ? Pourquoi certains sud-africains sont subitement devenus si violents à l’endroit de leurs propres frères africains ? J’ai entendu dire par le biais d’une certaine presse que les populations noires sud-africaines accusent les ressortissants des autres pays africains d’être à l’origine de leur appauvrissement. Selon ces derniers, les immigrés noirs africains occupent les emplois au détriment des populations noires autochtones.  Quelle absurdité ! Je me demande d’ailleurs qui est le premier a sortir cette idiotie de sa malheureuse bouche. Qui sont ceux qui portent ce discours à l’endroit des sud-africains ? Est-ce des hommes politiques à la recherche d’une légitimité populaire ? Est-ce l’œuvre d’une opposition politique qui tente d’instrumentaliser les populations en faisant dans le populisme, l’intox et la gestion de la xénophobie ? Est-ce l’alibi d’un gouvernement qui tente de se dédouaner de son incapacité à améliorer les conditions de vie de ses populations malgré le développement affiché du Rainbow nation ? N’est-ce pas l’effet de la main invisible de certaines puissances étrangères qui cherchent à instaurer le chaos en Afrique du Sud afin de pouvoir piller comme bon leur semble les importants ressources naturelles de ce géant de l’économie africaine ? Je ne saurais répondre avec exactitude à ces interrogations. Mais je dirais tout de même que je soupçonne le gouvernement sud africain d’être quelque part complice de ce qui ce passe dans ce pays depuis une décennie. Le comportement de certains membres du gouvernement de Ramaphosa me parait très intrigant. Monsieur Lindiwe Zulu, ministre en charge du développement des petites entreprises aurait déclaré à la BBC Newsday que les émeutiers «  ont l’impression que d’autres africains viennent dans le pays et qu’ils ont l’impression que ces africains prennent nos emplois » avant d’ajouter c’est un défi qui dépasse le cadre de l’Afrique du Sud. Selon ces dires ce qui se passe dans son propre pays est « un problème africain ». Mais en quoi ces manifestations sont-elles devenues un défi continental ? N’est-ce pas là une fuite de responsabilité ? La résolution de ce problème incombe uniquement à l’Etat sud-africain. Elle entre parfaitement dans le cadre sa mission régalienne d’assurer la sécurité de toutes les personnes présentes sur son territoire et de leurs biens. C’est bien une question de sécurité intérieure qu’aucun autre Etat ne peut prendre en charge sans ingérence. Dans cette même lancée, David Makhura, premier ministre d’un gouvernement provincial réagissait dans les antennes de la BBC en affirmant qu’il était pour les autorités sud africaines de  «  renforcer la sécurité aux frontières » pour parer  aux afflux des étrangers, cause principale de cette vague de violence. Propos que j’ai jugé très irresponsable et qui nous renseigne davantage sur l’état d’esprit des autorités locales. Force est de reconnaitre que les dirigeants de ce pays sont très laxistes devant ce banditisme flagrant. Car au lieu de prendre ce problème à bras le corps et de sanctionner sévèrement les auteurs de ces actes, ils se permettent de répéter bêtement la théorie populaire consistant à accuser les étrangers de voler leurs emplois. C’est vraiment désolant.

    Rappelons que ces vagues de violence contre les étrangers en Afrique du sud ne datent pas d’aujourd’hui. Déjà en 2008, les manifestations avaient occasionnées soixante (60) morts et plusieurs centaines de blessés. En 2015, sept personnes ont été lâchement assassinées par les manifestants. Les cinq (05) ressortissants africains tués en ce début septembre 2019 viennent allonger la liste des victimes de ce massacre. Néanmoins le constat est clair. Depuis le début, les autorités sud-africaines n’ont rien fait pour résoudre ce problème. Sinon, nous n’en serions pas là aujourd’hui. La vérité est que le régime de l’ANC refuse tout bonnement de reconnaitre son incapacité à réduire le taux de chômage qui ne cesse de grimper chez les populations noires (plus de 26% pour tous le pays). Si les Sud- africains sont toujours dans la pauvreté, ce n’est nullement dû à la présence des populations étrangères dans ce pays, mais c’est plutôt le résultat de l’échec ou même de l’absence de politique publique relative à l’emploi. La vérité est que ces petits fils de Chaka Zulu doivent se regarder les yeux dans les yeux et se dire la vérité. Ils doivent reconnaitre que la présence de ces minorités étrangères ne peut en rien leur empêcher de trouver un job dans leur propre pays. Combien de millions de ressortissant Sud-africains sont aujourd’hui éparpillés dans le continent et dans les autres pays du monde ? Imaginons un instant que tous les Etats du monde décident de les renvoyer chez eux. La situation serait sans nul doute pire pour tous ces incapables qui s’agitent aujourd’hui. Les émeutiers doivent se ressaisir et éviter de se tromper de cible. La vérité est que le régime actuel de l’ANC est le seul et unique responsable de la paupérisation chez ces populations noires. S’il y a un fautif, c’est bien les gouvernants de ce pays. A mes chers frères sud-africains, je dirais de ne pas se laisser instrumentaliser par une bande d’hommes politiques incompétents et en panne d’arguments convaincants.

     Espérant que mon propos servira peut-être à raisonner ne serait-ce qu’un Sud-africain, j’appelle aussi la communauté internationales et les organismes politiques du continent en particulier à exiger du gouvernement de Ramaphosa d’ouvrir une enquête policière afin d’identifier et sanctions dans les plus brefs délais les auteurs de actes, de dédommager tous les victimes et de veiller à la protection de tous les ressortissants africains et non africains présents dans ce pays. Pour finir, je présente mes très sincères condoléances à toutes les familles éplorées et à tous les pays qui ont perdu des citoyens dans cette folie. Je  souhaite aussi un prompt rétablissement à tous les blessés. Cependant, je prie ardemment pour que naisse, enfin, en Afrique du Sud la nation arc-en-ciel pour laquelle Mandela s’est toujours battu.           

ZOON POLITIKON

Par Mame Mor NDIAYE

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