Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
L'espace de Xadkor

Un modeste récit : Fastef et ses internes

22 Septembre 2019 , Rédigé par Ibou Dramé Sylla Publié dans #INTER POCULA

Avoir partagé le Département de Philo de l’Ucad fait des amitiés, mais partager un séjour à la Fastef, cela crée des rapports collégiaux comme il arrive d’être des frères de case. Nous avons eu le plus grand bonheur du monde d’avoir été un cocktail à tout point de vue, dans notre génération. Ma promo dans cette enceinte est une merveille. Des profils divers s’y sont croisés. Il y a ceux qui y ont fait trois ans, d’autres un, ceux de ma catégorie deux ans. Pourquoi ce mixage ? Certains ont d’abord fait le Master d’Enseignement, d’autres ont inauguré la phase de Master 2 + un an de formation.

En pensant à ma propre figure, je me vois souvent dans les eaux tumultueuses de l’hybridité. Je fus de ceux qui ont inauguré le système Lmd, en 2010, à la Flsh de l’Ucad, je me vois dans la dernière génération de ceux qui font deux ans à la Fastef. Cela donne un certain air de british, pour parler correct. Il est dans la loi de la nature une vérité impérissable : quand un cycle se referme, un autre s’ouvre avec plus de promesses.

Je retiens de mes deux ans à la Fastef un sentiment mitigé. De la mélancolie. De la nostalgie. De l’envie d’en finir. Et que sais-je encore ? Des salles de classe aux chambres des pavillons en passant par le restaurant, nous avons fondé une famille au sens noble du terme. Dans le pavillon où j’ai logé durant tout mon séjour, 13A et 27A, j’ai connu des moments de folie et d’élan de solidarité naturel. C’est Malick Badji qui me légua gracieusement sa place au 13A. Il n’est jamais revenu pour y solliciter un quelconque service. Au 27A, c’est Djibril Dicko, en sa qualité de Président de la Commission sociale, qui m’y installa pour mettre à profit les temps de quiétudes pour mes recherches doctorales.

Avec le temps, on s’habitue à beaucoup de choses et la routine finit par effacer les aspérités. Je dois, à la vérité, signaler que le contrôle à la grande porte m’exaspérait. On ne devait pas entrer par la grande porte, on ne devait pas entrer avec une tasse de café ou un sachet d’eau. Avec le temps, j’ai fini par m’adapter à ces règles.

De ma chambre que j’avais en partage avec un homme sans bruit -Ndongo Ndiaye- à la chambre de mon ami Idrissa Sow en passant par le couloir, nous avons transformé ce lieu en maison communautaire. Certains de nos voisins du palier ont souffert de nos gueulades durant des heures avancées de la nuit. Avec mes incessants passages chez Zeus, Zale se révéla à moi comme un homme affable, courtois et très relax. Malgré sa formation en Svt, je le vois plus en complicité avec les philosophes qu’avec les scientifiques du couloir.

Durant le mois de ramadan, il m’a été donné de quasiment déserter ma chambre pour être avec les amis dans la chambre des Zeus. Là où se déploie la science, là devrait être la bonne controverse. Et cette chambre en offrait la garantie. Personne ne solliciter l’indulgence de l’autre. Chacun était appelé à se défendre avec des arguments solides. A tour de rôle, on semblait consacrer quelqu’un un jour, pour le déchoir le moment venu. Ces tiraillements élargissaient les cœurs et démolissaient les murs d’orgueil.

Djiby, le boutiquier fut plus qu’humain. Il était devenu un complice de tous.

Je manque de mot pour magnifier certains événements. Il y a des choses qui n’arrivent qu’une fois sur cette terre. Des moments pareils s’offriront difficilement à nous pour le restant de notre vie. La seule chose que je sollicite auprès de chacun de nous tous, c’est de refuser de grandir quand il arrivera de nous rencontrer au gré des circonstances. Laissons cette voix émerger du plus profond de nos cœurs. Et Fastef vivra toujours en nous !

Ibou Dramé SYLLA

Ce 22 septembre 2019

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article