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L'espace de Xadkor

MON CHER ABBÉ PROSPER PLONGO TENDENG

16 Janvier 2021 , Rédigé par Ibou Dramé Sylla Publié dans #INTER POCULA

Un amour au-delà du cœur

« La reconnaissance des grandes œuvres, quand elles existent, n’a jamais impliqué de renoncer à la vérité » Cardinal Robert Sarah, Dieu ou rien, p. 118

Je viens, par l’entremise de cette missive, vous parler à cœur ouvert. Avant tout, permettez-moi, mon cher Abbé, de remercier mes père et mère qui m’ont conduit à l’école où j’ai pu acquérir les outils nécessaires à la compréhension des choses couchées dans les livres. J’aime lire. C’est un fait. Et pourtant, comment pourrais-je passer sous silence le difficile début dans l’apprentissage de la lecture ? En classe de CE2, je ne pouvais même pas lire le titre d’une page de Sidi et Rama. ‘’La visite de l’inspecteur’’ fut la raison d’un châtiment corporel inoubliable qui me fut infligé par ma défunte mère !

Merci à mes maîtres qui, avec patience et dextérité, m’ont tenu par la main pour lire les alphabets d’abord, savoir associer ces derniers pour construire des mots, ensuite, ces mots qui donneront des phrases qui, elles-mêmes, enfin, donneront, dans leurs agencements, des paragraphes, des pages et le livre. Sacré génie humain !

J’aspire à plus d’élévation spirituelle. Et les livres m’y aident comme la prière. Sans m’éloigner des hommes et de l’humaine condition, les livres sont des éléments essentiels pour le commerce entre esprits. Machiavel et Descartes en ont donné des gages.

Je suis en train de lire Dieu ou rien du Cardinal Robert Sarah. Ce livre est essentiel pour moi. A travers les pages, je découvre la profondeur et la simplicité du saint homme. La force du silence est un véritable instrument de méditation, voire une propédeutique à celle-ci. Mais Dieu ou rien est un dialogue, un face-à-face entre le lecteur que je suis et l’homme de Dieu qu’est le Cardinal Sarah. Nicolas Diat a réussi la prouesse de mettre en pratique le conseil avisé de Père Jérôme pour le disciple qui doit s’instruire auprès du maître. « Ne demandez pas à votre maître de parler pour ne rien dire », a-t-il dit. Et l’auteur de L’art d’être disciple de poursuivre : « Demandez-lui comment et jusqu’à quel point, par le don de soi-même, il s’est délivré de lui-même. Informez-vous d’où vient la lucidité de ses refus. Qu’il vous dise quelle est la source de ses larmes et la raison de son sourire. Allez à l’essentiel de cet homme-là. Et s’il accepte de reprendre, pour vous aider, ses cahiers d’écolier ou ses outils d’apprenti, remerciez-le par votre docilité ». Cela trouve une parfaite résonnance dans la figure de Kaïdara qui rehaussa l’ethos de Hammadi dans un face-à-face précédé d’un cheminement.

Dans la Critique de la raison orale, Mamoussé Diagne, décrivant la personnalité d’un enfant qui voulait étudier les mystères des étoiles sans l’aide d’un maître, indique : « Le désir de possession d’un œil hypermétrope ne peut émaner que de l’âme capricieuse d’un enfant, c’est-à-dire d’une personne qui n’est pas mûre pour l’initiation et en est encore à l’univers romanesque des contes. Lorsque, en plus, on prétend à un tête-à-tête avec les étoiles, « seuls sous l’empyrée », on demande l’impossible : une initiation sans initiateur. Le contact direct avec le mystère, sans la médiation d’un maître est une impasse, fut-il assorti du désir sincère de connaître » (Critique de la raison orale, p. 497.). Il est très avantageux d’être à l’écoute de ceux qui savent. Par la logique de médiation, le savoir se dévoile et devient accessible au néophyte qui oublie même la douleur que requiert une telle acquisition si le maître dispense avec cœur.

Cher Abbé, je vois en ce natif d’Ourous des profondeurs de la Guinée Conakry la figure d’un homme de Dieu dont les paroles doivent être entendues. J’aime la chaleur humaine qui se dégage entre les lignes de ce magnifique livre. Le ton est juste et le cœur y déborde d’amour pour Dieu et pour le genre humain. Je nourris un profond respect et une immense estime pour le Cardinal Sarah. Je prie pour pouvoir lui serrer la main un jour.

Que puis-je connaitre à travers la Philosophie ? Mon ignorance par le biais de la recherche menée avec méthode et humilité. Mes études en Philosophie, tout en me conduisant vers des impasses théoriques, ne font que m’élever devant la magnificence de l’Absolu, cette source intarissable de tous les trésors. Cela aide et guérit l’âme de celui qui risque de sombrer dans la misère spirituelle. « La vie est merdique, mon Père. Et pour avoir droit au bonheur, on doit tous accepter des compromis », dit Analise Keating, une actrice dans un film aux rebondissements spectaculaires. Et le prêtre de lui répondre ainsi : « Dépose ton fardeau aux pieds du Seigneur et il te soulagera ». J’ai le goût du mystère sacré et mes contemplations me donnent à voir le signe divin dans les éléments de la nature. Le Grand Tout qui nous englobe livre des messages qui rendent sage.

Pour Michel Onfray : « Toute grandeur qui s’affiche cesse d’en être une ». Il a raison. Cependant, le témoignage est une forme de générosité, sinon la générosité même. Il est de l’ordre de la grandeur d’âme qui s’exprime sans s’afficher. Dieu est amour. Et le reconnaître procure la paix et apaise l’âme. Le Cardinal Sarah de noter à juste propos : « La charité est le service de l’homme, mais il n’est pas possible de servir l’humanité sans lui parler de Dieu » (Dieu ou rien, p. 107.). La soif de transcendance et de béatitude est au cœur de l’entreprise humaine. Les hommes sont portés par ce qui est au-dessus d’eux. De ce fait, l’oubli de Dieu est un désastre pour l’homme. Et l’enfant de Guinée d’établir ce constat : « Souvent, derrière des drames incommensurables, il y a un abandon de Dieu par les hommes » (Idem). Puisse le Seigneur des Cieux et de la Terre inonder les cœurs des hommes d’amour et de vérité. La joie et la paix sont à ce prix !

Toute vie utile est à magnifier par ceux qui œuvrent pour le plus grand nombre. J’espère faire partie de ceux qui portent et porteront témoignage.

Ibou Dramé SYLLA

28 janvier 2020

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