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L'espace de Xadkor

DE L’ADMIRATION

20 Mars 2020 , Rédigé par Ibou Dramé Sylla Publié dans #INTER POCULA

Ce texte que nous voulons très succinct est dédié à une amie qui nous marqua depuis notre première rencontre. Son nom ; Ngoné Faye.

La vie a ses élans d’émancipation mettant une personne en face d’une autre pour un jeu de miroirs. Chacun se mire sur le visage de l’autre. C’est dans cette perspective que l’admiration devient un acte. Et Victor Hugo de dire : « savoir admirer est une haute puissance ». Celui qui admire est un homme sincère et vit à l’abri des maux que sont : envie, jalousie, hypocrisie, vénalité…

Etre admiratif, c’est vivre dans un état qui est au-delà de l’amour. Le cœur corrompu et le corps corrupteur s’y anéantissent pour laisser éclore une pure âme. Celui qui vit sous le poids de l’admiration est un être libéré. Il voit du beau, du juste et du vrai dans l’objet ou chez l’être considéré. L’empreinte sur le cœur est d’une délicatesse épurée. Celui qui est ému dans la phase contemplative gravite autour de l’ineffable.

Après avoir subie un viol de la part de Sextus Tarquin, qui la déshonore, Lucrèce, en vraie romaine, laisse entendre ces mots : « Comment peut se porter une femme qu’on a privée de son honneur ? Les traces d’un autre homme, Collatin, marque ton lit. Mais seul le corps est coupable, le cœur est innocent. Ma mort te le prouvera. Donne-moi ta main comme gage que l’adultère ne demeurera pas impuni. C’est Sextus Tarquin, un hôte mué en ennemi, qui, cette nuit, est venu ici pour jouir, à la main armée, d’un plaisir qui m’a été funeste et qui le sera à lui aussi si vous êtes des hommes. » (Ovide). Personnellement, je reste interdit devant deux foyers lumineux : l’acte de la femme et les mots qui le disent. Le personnage et le narrateur participent d’un même mouvement. Les latinistes de la vieille école en allaient jusqu’à exiger la finesse d’esprit de ces dames comme Lucrèce et Phèdre chez leurs dulcinées. Et pourtant, « le plus grand amour est celui qui, à danger égal, est le moins récompensé. », a noté Sénèque.

C’est dans cette perspective que nous saisissons la portée de l’admiration. Les actions d’éclat sont rendues plus saisissantes par la beauté des mots. Admirer ce qui est admirable est un privilège. Un mot, un son, un geste, une démarche, un sourire, un balancement de tête qui rejette les cheveux,... voici des trucs qui accrochent et élisent domicile dans le cœur. Un acte héroïque comme celui banal peut avoir l’impact d’un foudroiement. Tout dépend de la disposition du récepteur. Les vagues n’ont pas la même teneur sur les pieds d’un hydrophile que sur ceux d’un hydrophobe.

Ce qui est admiré se donne dans sa simplicité, dans son authenticité, dans sa stricte clarté. Bref, dans son innocence. Celui qui admire l’accepte sans a priori. Son vide devient un plein. Il est lui-même dans la plénitude. C’est l’image d’un être qui, étant un fervent amoureux de la nature, vit sous la pleine lune en une nuit silencieuse au vent frais.

Ibou Dramé SYLLA

Ce 17 mai 2020

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